6 sept. 2023
Ana Tijoux : tornade rap franco-chilienne
Sur les rives du festival Rio Loco (Toulouse), rencontre avec l’une des figures emblématiques du rap latino : l’activiste franco-chilienne Ana Tijoux. Alors qu’elle s’apprête à livrer son 5e album, Vida, un appel dansant à la résistance, portrait d’une femme déterminée, d’une utopiste revendiquée, d’une artiste qui, à la ville comme à la scène, affiche une énergie survoltée.
Ana Mária Merino Tijoux est née en 1977 à Lille, dans le nord de la France, de parents réfugiés politiques chiliens, et a grandi à Paris. À l’adolescence, au début des années 90, avec le retour de la démocratie au Chili, elle s'installe dans ce pays situé sur la côte Pacifique de l’Amérique du Sud et dont le territoire forme une étroite bande allant du désert d'Atacama jusqu'au cap Horn.
Ana Tijoux a 20 ans quand elle intègre le groupe de hip hop contestataire chilien Makiza, avec lequel elle enregistre plusieurs albums. 26, quand elle se lance en solo.
Découverte à l'international en 2009 avec son deuxième album, 1977, Ana Tijoux s'est fait la porte-parole, au Chili comme dans toute l'Amérique du Sud, des combats contre la discrimination à l'égard des femmes, le système économique néolibéral et l'autoritarisme sous toutes ses formes. Elle partage son activisme sur un hip hop festif - inspiré par l'esprit du collectif new-yorkais Native Tongues, teinté de musiques traditionnelles latines, de baile funk ou encore d'électro.
En 2014, le magazine Rolling Stone l'a élue "meilleure rappeuse de langue espagnole" pour sa "diction précise et son infaillible sens du rythme", elle a été nominée plusieurs fois aux Grammy Awards et sa musique résonne dans le jeu vidéo Fifa 11, la série américaine Breaking Bad ou, plus récemment, la série féministe chilienne La Meute.
En 2023, le hip hop a 50 ans, le coup d’État d’Augusto Pinochet qui instaura une dictature militaire au Chili, aussi. C’est dans cette histoire faite d’engagements, de luttes, de joies et d’espérances que s’inscrit, de part et d'autre de l’Atlantique, celle d’Ana Tijoux qui revient cette année, après La Bala (2012) et Vengo (2014), avec un 5e album, Vida, un appel dansant à la résistance.
Pour s’échauffer le corps et l’esprit depuis les rives du festival Rio Loco (Toulouse), on va revenir ensemble sur cinq de ses morceaux et autant de prises de position militantes : du sort réservé au peuple Mapucho, à la lutte mondiale antifasciste, en passant par la fronde sociale de 2019 au Chili. Vous découvrirez peut-être comme moi l’existence d’une importante communauté palestinienne au Chili, la plus grande en dehors du Moyen-Orient, et les secrets de 1977, l’un de ses plus gros succès.
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Journaliste : Hortense Volle
Réalisation : Benjamin Sarralié
Mixage 3D en Dolby ATMOS pour une écoute immersive au casque : Jérémie Besset
Responsable d'unité de production FMM – RFI Labo : Xavier Gibert
►_ Titres diffusés_ :
Singles :Ninx (2023); Antifa Dance (2020); Rebelion de Octubre feat. MC Millaray (2020); Cacerolazo (2019) ; Canelo Sagrado (2015) ;
Extraits de l’album Vengo (Nacional– 2014) : Somos Sur feat. Shadia Mansour ; Los Diablitos ; Interludio Agua ; Mi Verdad ;
Extrait de l’album La Bala (Nacional – 2012) : Sacar La Voz feat. Jorge Drexler
Extrait de l’album 1977 (Nacional– 2010) : 1977
Extrait de l’album Kaos (Victoria Producciones)–2007) : Intro feat. Gran Vitoko
► _Et aussi _:
- Extrait du documentaire Genoveva (2014) de Paola Castillo
- B.O de de la série chilienne La Meute (2020)
- Mi ser Mapuche de MC Millary :
- Al Kufiyyeh 3arabeyyeh (The Kufiyeh is Arab) de Shadia Mansour feat. M1 (Dead Prez)